6
ce processus, y apportant de petites contributions unitaires. On voit ici
aussi une interprétation possible de la parole de Confucius «le chemin
que l´on prend est le but».
En soi, la photographie est un procédé de nature dualiste. Elle a une
composante documentaire tout comme une composante historisante.
C´est qu´elle permet de fixer sur l´image des états qui appartiennent au
présent à l´instant de la prise de vue, et qui, immédiatement après,
appartiennent déjà au passé.Toute photo est donc devenue après la
prise de vue un document historique à historicité continuellement crois-
sante.
7
Dans mon cycle, j´ai fait usage d´une démarche presque sem-
blable: la reproduction photographique d´artefacts réalisés pendant
une certaine époque de référence à l´aide d´un canon de formes compa-
rable. Un peu comme dans un western, ce procédé permet à la pensée de
saisir visuellement les conditions de l´environnement de ce temps là et
aussi la structure dominante des formes.
C´est ainsi que j´ai réalisé par exemple des clichés sur les coquilles
d´escargots marins, exemples de formes primitives de la nature et égale-
ment dans la série «Patrie des Dieux», des dolmens, des menhirs et des
cromlechs, formes qui se sont très peu modifiées depuis des millénaires
et se trouvent encore sur le lieu original de leur formation. Ceci est vrai
aussi pour les instruments, les machines et les appareils que j´ai photo-
graphiés dans la série « Bienfaits de la technique».
Ma photographie sert donc pour l´essentiel à la transmission d´idées par
l´étude, la contemplation et l´intériorisation de la forme. Ce parcours
découverte exige du regardant qu´il soit prêt à faire la synthèse entre la
forme et le fond comme l´a exprimé dans la phrase suivante un écrivain
Français resté anonyme : « La forme, c´est le fond qui remonte à la sur-
face». Nous voulons partir de la forme pour conclure sur le fond, lequel
pourrait être une des causes possibles de l´ordre des périodes de l´ère
géologique marquées par des progrès remarquables ; nous voulons, dans
une certaine mesure, percevoir le sens universel dans l´acte de con-
struire et y localiser le mystère de la création. Encore une fois: « la voie
empruntée est le but ». La naissance du doute cartésien que l´on doit à
l´époque de l´Aufklärung ayant pour conséquence un transfert du mythe
et de la perte de la foi, va de pair avec la recherche d´un sens à la vie et
d´un sentiment de sécurité dans les structures évidentes de notre «
système terre ». Je vois en particulier dans une connaissance profonde de
l´évolution, de même que dans l´histoire de la terre et de l´humanité,
une raison fondée de cultiver une image du monde basée sur l´histoire
de l´évolution et métaphysique,donc n´étant plus entièrement marquée
par la foi. Nulle part, on ne trouvera plus de «fondement» que dans les
développements de l´histoire de la terre et de l´humanité que nous avons
11
- „Les Justes“,
F 042
12 -
Danse de Vénus,
F 109