Avec le temps... - page 7

levée avec mon père, un passionné du dessin d´animaux. Mais je n´étais
pas très doué pour cette discipline. Par contre, le dessin de constructions
me plaisait beaucoup. Mais à cette époque là, ce n´était pas suffisant
pour pouvoir choisir la voie artistique. Ce n´est que beaucoup plus tard
que j´ai appris l´existence d´un Max Bill, Karl Pfahler, Jean Dewannes,
Victor Vasarely ou autres constructivistes. Mon père m´a offert un jour un
appareil photo et j´ai commencé à faire de la photo. Ma première photo
d´ «art » date de 1956.
Autrefois comme aujourd´hui, je n´ai jamais eu l´impression de réaliser
une œuvre d´art en prenant une photo.Pour moi, photographier, c´est
comme respirer, je ne m´en rends presque pas compte. Que la photo soit
« le moyen d´expression artistique qui m´est propre », je ne peux pas
affirmer ceci sans réserves.
J´ai travaillé aussi pendant des années à la gravure (14, 15). Le classement
de mes œuvres en catégories « Art » on « non Art » m´est étranger. Je fais
avec un appareil technique c. a. dire mon appareil photo un cliché repro-
ductible et je le reproduis de façon mécanique. Le produit de mon travail
est-il une œuvre d´art? C´est au spectateur seul de décider. Personne
d´autre que l´ensemble des spectateurs n´a le pouvoir de décider de ce
qui est art ou pas. Je crois qu´aucune technique de l´image n´est, par
principe, une forme d´art et donc la photographie non plus.
C´est volontairement que je ne limite pas le nombre d´épreuves parce
que je trouve improductif de limiter artificiellement le tirage d´une image
facilement reproductible pour que quelqu´un mette un prix plus élevé
dans le but de partager le plaisir de la contemplation de mes photos avec
un nombre si possible restreint d´autres personnes. Ce n´est pas dans la
nature des processus de production moderne de l´image , et ne corre-
spond pas non plus à l´esprit démocratique de la photographie. En fait, je
ne veux pas limiter le cercle de ceux qui apprécient mes photos, mais je
veux plutôt l´élargir. Je suis un enfant enthousiaste de l´âge de la repro-
duction. Sans la reproduction, nous tous ne serions pas ce que nous
sommes aujourd´hui. S´il n´y avait que moi, je supprimerais toute limita-
tion de tirage. Des photographes comme Ansel Adams, Caponigro,
Cartier-Bresson ou Penti Sammallahti se sont opposés parfois à cette
exigence du marché et ont quand même réalisé de bonnes ventes.
Souvent l´acquéreur d´une épreuve à tirage limité s´abuse lui-même. A
savoir quand le nombre d´épreuves vendues reste bien en dessous de la
limite de tirage. Ceci n´est pas rare et prête à réfléchir. J´aime travailler
avec les moyens techniques les plus modernes disponibles sur le marché.
La photographie numérique a ouvert des possibilités impensables aupa-
ravant. De plus elle est non- polluante, tout comme le processus
d´impression à pigments que j´utilise .
NL - Dans ta série Bilder und Zeichen (Images et signes), tu joues de
façon évidente avec les citations. Dans quelle mesure les courants artis-
tiques, les artistes, les musiciens, les écrivains ou même les scientifiques
ont-ils eu une influence sur ton travail photo ?
WL
- Sur le moment, je ne sais souvent pas moi-même si l´œuvre d´un
artiste connu m´a influencé mais cependant, il m´arrive de le remarquer
parfois beaucoup plus tard :
Quand j´ai fait mes premiers pas en photographie, j´étais très influencé
par Cartier-Bresson, et je pense que ça se voit dans la série Menschen
heute ( L´homme d´aujourd´hui). Cela ne veut pas dire que je voulais
photographier exactement comme Cartier-Bresson le faisait. Il cherchait
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